Pas de méthode de lecture magique pour apprendre à lire au CP, mais nécessité d'un enseignement systématique du déchiffrage

(CNESCO = Conseil National d’Évaluation du Système Scolaire)

 

Une conférence de consensus organisée sur l’apprentissage de la lecture, en 2003, a conclu que "différentes méthodes pouvaient être « compatibles » avec les acquis de la recherche : on peut partir du codage et de la reconnaissance des mots pour aboutir à la compréhension ou bien, depuis le texte et le sens, descendre « jusqu’aux éléments constitutifs de la correspondance grapho-phonologique ». On peut aussi mélanger ces approches.

 

« La seule méthode qu’on doive écarter est la méthode dite ‘‘idéo-visuelle’’ », mettait en garde le jury. Également appelée « globale », elle consiste à « photographier » les mots, à les reconnaître grâce à leur forme. Son défaut : elle refuse un « nécessaire » travail systématique sur la correspondance entre phonèmes et graphèmes. Un travail dont Stanislas Dehaene, titulaire de la chaire de psychologie cognitive expérimentale au Collège de France a, depuis, montré lui aussi l’impérieuse nécessité.

 

> A (re)lire Pas de méthode magique pour lire et écrire en CP


De récentes études sont venues compléter ces enseignements. Plusieurs conditions sont nécessaires à un apprentissage efficace de la lecture, avance ainsi Sandrine Garcia, qui a cosigné avec Anne-Claudine Oller l’ouvrage Réapprendre à lire (1), fruit d’une longue expérimentation menée dans plusieurs établissements.

 

Elles indiquent en conclusion, nous ne le répéterons jamais assez, que :  « l’enseignement doit être explicite. Il faut donner à lire à l’enfant seulement ce qu’il est en mesure de lire en fonction des correspondances graphèmes-phonèmes déjà étudiées et ne pas lui demander, à l’inverse, de ‘‘deviner’’ des mots en fonction du contexte. On doit aussi s’entraîner à déchiffrer, encore et toujours, y compris en CE1. »

Ne pas oublier que le rôle des parents est primordial pour aider à ancrer les nouvelles aptitudes : « Et il faut, surtout avant les vacances, adresser des consignes claires aux parents, leur demander de faire lire l’enfant à voix haute, à la maison. »

 

En mars 2006, Franck RAMUS, Jean-Emile GOMBERT et 16 autres scientifiques cosignent une lettre dans le Monde intitulée Un point de vue scientifique sur l'enseignement de la lecture. Cet article présente les conclusions des études internationales sur le sujet.

"Les résultats sont les suivants :

  1. l'enseignement systématique du déchiffrage est plus efficace que son enseignement non systématique ou absent;
  2. l'enseignement systématique du déchiffrage est plus efficace lorsqu'il démarre précocement que lorsqu'il démarre après le début de l'apprentissage de la lecture;
  3. les enfants qui suivent un enseignement systématique du déchiffrage obtiennent de meilleurs résultats que les autres, non seulement en lecture de mot, mais également en compréhension de texte (contrairement aux idées reçues sur les méfaits du déchiffrage qui conduirait à ânonner sans comprendre) ;
  4. l'enseignement systématique du déchiffrage est particulièrement supérieur aux autres méthodes pour les enfants à risque de difficultés d'apprentissage de la lecture, soit du fait de faiblesses en langage oral, soit du fait d'un milieu socio-culturel défavorisé;
  5. du moment que le déchiffrage est enseigné systématiquement, il importe peu que l’approche soit plutôt analytique (du mot ou de la syllabe vers le phonème) ou synthétique (du phonème vers la syllabe et le mot)."

Une autre enquête d’envergure qui a été dévoilée le 25 septembre 2016 à Lyon, lors d’un colloque de l’Institut français d’éducation, confirme la nécessité d’enseigner le « code » de manière explicite et précoce et ce, à un rythme soutenu – un tempo trop lent défavorisant, paradoxalement, les élèves qui partent avec le niveau le plus faible."

 

Extrait de Apprentissage de la lecture: les méthodes qui marchent sur le site 3evoie.org

 



N'oublions pas que la situation d'enseignement est constituée d'un ensemble d’interactions dans lequel il est vain de vouloir isoler l'élément qui permettra de trouver les clés dans toutes les situations. Nous disposons toutefois de résultats de recherches qui permettent d'affirmer que dans un certain nombre de domaines, il est plus profitable pour l'élève - et, partant, pour l'enseignant - de procéder d'une manière précise.

Nous le voyons ici pour les méthodes de lecture utilisées. Cette méthode est toutefois à associer à un travail sur l'enseignement explicite, sur l'état d'esprit de développement ou mentalité perfectible, l'amélioration de la mémoire, les auto-limitations ou la pédagogie différenciée, voire  la gestion des élèves à besoins éducatifs spécifiques.